L’enseignement d’éloquence croise deux domaines de formation : l’éducation artistique et culturelle, dans ses composantes liées à la parole, et l’apprentissage de l’expression à l’oral.

Il est conçu pour travailler l’expression orale continue et l’échange argumenté (débat, plaidoyer…) ainsi que la mise en voix, en geste et en espace de textes littéraires (de la lecture à voix haute à la lecture jouée et au jeu théâtral).

Il vise à améliorer les compétences orales des élèves de troisième :

en faisant parler les élèves entre eux ;

en créant les conditions de véritables échanges régulés ;

en développant les compétences d’argumentation et d’écoute de l’autre ;

en leur apprenant à bien s’exprimer à plusieurs par le collectif ;

en leur donnant la possibilité et les moyens de s’engager dans leur parole.

Il peut investir tout le champ de l’éloquence et des arts de la parole, qu’elle soit vivante (théâtre, lecture en public, ensemble des arts du spectacle vivant) ou captée (cinéma-audiovisuel). Il ne s’agit ni d’un enseignement de techniques oratoires déconnectées d’enjeux artistiques et éthiques, ni de communication. Cet enseignement s’appuie donc sur des objets culturels et artistiques enrichissant la parole et la réflexion des élèves (textes et œuvres d’auteurs, travaux d’écriture créative menés en classe, scénarisation de grands débats de société ou historiques, nourrie de recherches préparatoires, etc.).

Enjeux didactiques et pédagogiques

L’expérimentation d’un enseignement de l’éloquence en classe de troisième prend sens dans une double perspective :

elle s’inscrit dans l’héritage d’une culture de la parole qui s’est développée sur le temps long dans la pédagogie occidentale dont elle a longtemps occupé le centre ;

elle renvoie à des pratiques de la parole multiples qui permettent aux élèves de s’approprier pleinement leur parole, parce qu’ils en comprennent et en éprouvent le pouvoir, mais aussi parce qu’ils y découvrent que cette parole a valeur d’échange, d’ouverture, de construction de la pensée.

Par-là, cet enseignement d’un art de la parole permet aux élèves de se construire pleinement comme des sujets et des citoyens, à la fois par la connaissance de cette histoire dans laquelle ils sont invités à s’inscrire, et par une pratique de ces arts de la parole qui leur permettent d’apprendre à maîtriser leur parole dans des exercices variés. La diversité est en effet depuis l’origine une caractéristique de cette éloquence, art commun aux orateurs politiques et aux avocats, aux philosophes, aux acteurs et voire aux poètes. Elle conduit dès lors à cultiver sa parole de façon variée dans des directions fort différentes. Cet enseignement doit ainsi à la fois donner aux élèves quelques repères sur la culture de la parole et sur les arts qui la déploient – jusqu’à cet art sans doute très français de la conversation –, et les mettre en situation d’occuper des positions de parole variées ; comprenant par l’exercice de la parole les principes de son fonctionnement, ils seront à même de trouver dans cette pratique maîtrisée un appui pour mieux s’exprimer, s’adresser aux autres, mais aussi pour progresser dans leur pensée.

Compétences travaillées

Les activités mises en place au fur et à mesure de l’année ont donc vocation à permettre aux élèves de développer progressivement les compétences suivantes, qui sont complémentaires :

parler pour comprendre ;

parler avec autrui ;

agir par la parole ;

inventer une parole.

Diversité des activités proposées

Il est nécessaire de concevoir, tout au long de l’année, une progression dans l’appropriation de la parole par les élèves à travers des activités variées propres à construire des compétences complémentaires :

travail de la diction, par exemple à travers une lecture oralisée, mais également, par exemple à travers un match d’improvisation ;

travail de l’écoute que suppose toute parole ;

travail explorant la dialectique de la lecture et de la construction d’une parole argumentée, par exemple à travers l’invention de procès littéraires ou encore de débats sous la forme d’échanges pro et contra…

Pour cela, des exercices variés peuvent être mis en place, appuyés sur des genres de l’oral divers : lectures oralisées, diction de textes divers, notamment poétiques, doublages de séquences filmées, récitations, mises en sons de textes, résumés, paraphrases, amplifications, descriptions, contes, improvisations, conversations, jeux d’échanges, disputes, plaidoyers, discours, procès fictifs, mises en scène…

Dans tous ces cas, les multiples répétitions et variations des productions discursives qui conduisent à la performance sont ce qui permet à l’élève de cheminer et de trouver sa place dans la parole.

Au collège René Cassin, des heures d’éloquence sont proposés aux élèves de 4e et de 3e, les élèves travaillent en petits groupes durant une séquence composée de plusieurs séances d’1h.